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André Tandjiékpon, expert burkinabé: « Le potentiel en termes d’emploi dans la filière anacarde est énorme au Togo… »

Du 23 au 26 septembre 2014, s’est tenu à Sokodé dans la région centrale, un atelier de réflexion sur le développement du matériel végétal amélioré d’anacardier au Togo et sur la promotion des techniques de greffage. Soutenu par l’agence de la coopération allemande au Togo (GIZ) à travers le projet ProDRA (Programme de Développement Rural y compris l’Agriculture), cette rencontre est destinée à faire l’état des lieux de la filière anacarde au Togo, à revoir la stratégie nationale de promotion de cette filière à travers l’état des lieux de la connaissance sur le matériel végétal dans la région. Nous avons rencontré à la fin de cet atelier, André TANDJIEKPON, expert et Directeur de la Production à iCA (initiative du Cajou Africain), un centre sous régional basé à Ouagadougou au Burkina Faso. En mission au Togo dans le cadre de la rencontre de réflexion, il nous livre ici dans un entretien, ses appréciations sur cette filière de l’anacarde et ses nombreuses opportunités pour le pays.

 

 

Dites nous l’objectif de votre mission ici au Togo !

 
L’objectif de notre visite est d’appuyer le ProDRA (Programme de Développement Rural y compris l’Agriculture) qui au Togo, travaille sur un certain nombre de filières dont l’anacarde. Donc il s’agit d’un appui pour répondre à un certain nombre de questions concernant l’amélioration du matériel végétal.
Pourquoi un accent sur la filière anacarde ?

 

Comme vous le savez, quand on parle d’une filière, le premier intrant, c’est d’abord la filière végétale. Et lorsqu’on répond de façon sérieuse à la question de cet intrant, on est parti pour une meilleure filière.

 

Comment appréciez-vous la production de l’anacarde au Togo ?

 
Avant notre arrivée ici, on avait très peu d’information sur le secteur anacarde au Togo. Mais sur place, on a constaté qu’il y a un potentiel énorme par rapport à cette filière qui est le cajou et l’anacarde. Et à partir de ce qui existe, on peut faire de grandes choses au niveau du Togo.

 
Qu’avez-vous apporté comme expertise lors de votre mission ici au Togo ?

 
Sans la connaissance, on peut passer à côté de l’essentiel quand on veut s’adresser à une filière agricole qui nécessite pas mal d’information. Le fait de partager déjà un peu avec les parties prenantes du Togo certaines information venant des pays voisins à comme le Bénin, le Ghana, la République de Côte d’Ivoire ou encore la Mozambique est déjà un pas important en termes de contribution pour comprendre et mieux cerner ce secteur au niveau du Togo.

 
Pensez-vous qu’il y a des marchés pour l’écoulement de la production ?

 
Quand vous voyez déjà le dynamisme au niveau des acteurs ici, ça veut dire qu’il y a quelque chose qui existe comme marché. Pour vous donner un chiffre, aujourd’hui, pour que l’Afrique réponde d’abord à la demande internationale, il faudrait que nos capacités actuelles soient augmenté d’au moins 8 % l’an sur peut être les 10 années à venir. Donc c’est très important et sur cette augmentation, je pense que le Togo a sa part à prendre et il faudra que le Togo s’organise à travers ses acteurs pour prendre cette part des 8 % de croissance au niveau de ce secteur de cajou.

 
Y a-t-il des appuis pour la transformation de l’anacarde par les organisations paysannes ?

 
La mobilisation des financements, c’est déjà ce que vous êtes en train de faire à travers cet entretien ; créer la prise de conscience qu’il y a quelque chose qui existe et qui a un potentiel. Dès que c’est connu au niveau des acteurs locaux et de l’extérieur, la mobilisation de financement suit toujours. Donc c’est cette confiance qu’il faut créer et je pense que vous contribuez déjà à la mobilisation des acteurs autour de cette confiance.

 
Quelle importance accorder à l’anacarde et ses produits dérivés ?

 
J’ai l’habitude de dire que l’anacarde est un produit de luxe. Vous pouvez déjà considérer qu’au Togo, on peut l’appeler l’ « or gris » ; Parce que ce qui est demandé à l’état actuel, c’est les amandes, et le marché de l’amande augmente de façon exponentielle. Le plus grand marché, c’est les Etats Unis d’Amérique suivis de l’Europe et aujourd’hui, on a des marchés de l’amande qui sont des pays de l’Asie principalement la Chine. Nous avons les pays du Maghreb qui commencent par être dans l’anacarde en termes de consommation. Donc le marché est là pour les amandes. Le marché est également là pour les produits dérivés dont notamment l’essence qui est dans la coque. Mais aujourd’hui, on n’est pas encore à l’étape là de travailler de façon sérieuse sur ce boom de cajou qui est beaucoup plus destiné à l’aéronautique. C’est aussi un produit qui est très recherché dans la cosmétique. Donc rien n’est à rejeter dans l’anacarde et lorsqu’on laisse la noix pour aller au niveau de la pomme, on a des produits importants parmi lesquels la colle, ou encore l’éthanol.

 
Existe-t-il des potentialités d’emploi dans cette filière au Togo ?

 
Le potentiel en termes d’emploi dans la filière anacarde est énorme au Togo. Si je prends le volet transformation, par exemple, pour 1.000 tonnes de noix de cajou à transformer au Togo, cela peut faire déjà 200 à 250 emplois de personnes sans grande qualification. Donc aller dans la transformation de l’anacarde est une porte d’emploi. Vous avez déjà un exemple chez vous ici au Togo avec l’usine ESPOIR de Tchamba qui, avec 4.000 tonnes de produits transformés, les gens utilisent près de 600 personnes dans un village très loin de Lomé. C’est donc dire que le potentiel en termes d’emploi que ce soit au niveau de la production primaire, qu’au niveau de la transformation voire de la commercialisation, les emplois sont là.

 
De la plantation à la récolte, ça peut prendre combien de temps ?

 
Dans la production classique, vous installez une plantation, la production peut commencer à partir de 4 ou 5 ans. Mais aujourd’hui, avec le travail de l’amélioration du matériel végétal, déjà dans la 2ème année, c’est possible de commencer par jouir des efforts à travers les fruits issus de la production de l’anacarde. Mais l’anacardier est d’abord un arbre agro forestier exceptionnel. Il n’y a pas une grande compétition en termes de partage non équitable avec les cultures essentielles pour nous à savoir les cultures de rente alimentaire ; ça peut se marier avec les autres cultures annuelles.

 
Comment peut se faire l’introduction d’un matériel végétal qui vient d’ailleurs ?

 
Par rapport aux matériels végétaux, au vue de ce qu’on a constaté ici au Togo, vous avez un potentiel énorme avec des produits de très bonne qualité avec du matériel végétal bien performent qui peut donner de bons produits compétitifs sur le marché. Il suffit de partir de ce matériel qui existe déjà pour les multiplier et les amener dans un contexte qui permet d’utiliser le meilleur des meilleurs. Je voudrais encourager tous les acteurs à d’abord compter sur ce bon matériel dont dispose le Togo. Mais ça n’exclut pas que du matériel performent identifié et connu ailleurs dans d’autres pays producteurs, soit apporté sous forme d’échantillon pour des essais et voir comment ç se comporte et lorsqu’on trouvera les meilleurs des meilleurs parmi ce que vous avez introduit, vous pouvez les utilise dans votre politique d’amélioration. Mais dans ce cas d’introduction du matériel végétal venant d’ailleurs, il faut toujours passer par la recherche d’abord pour voir si ça ne vient pas avec des maladies. Si non, au cas où le circuit est laissé ouvert, vous pouvez aussi compromettre la qualité de ce que vous avez déjà de très bien.

 
Un mot de fin ?

 
Mon mot de fin, c’est de dire qu’au niveau du secteur du cajou, il y a un grand potentiel. On a constaté ici qu’il y a une volonté politique à un niveau très élevé pour soutenir la filière anacarde. Personnellement, je ne peux qu’encourager tout le monde, surtout le politique à appuyer tous les acteurs qui voudraient aller dans ce sens et de les apporter tout ce qu’il y a comme facilité pour mieux faire ce qu’ils sont en train de faire déjà très bien.
Propos recueillis par David SOKLOU

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