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Dr Stéphan Awity: Président de la Ligue Togolaise contre le Cancer: «Le cancer n’arrive pas qu’aux autres, tout le monde peut en souffrir»

Le mois d’octobre est consacré  chaque année dans le monde entier à la lutte contre le cancer du sein. Au Togo, plusieurs associations, luttant contre cette maladie, organisent pendant cette période une  série d’activités allant dans le sens  de la  sensibilisation. Au nombre de ces associations, « Espérance et vie Nouvelle » dont le Directeur Exécutif M. Stéphan  Domefaa Awity, également Président de la Ligue Togolaise contre  le Cancer (LTCC),explique  le concept d’« Octobre rose » ,  les conditions de prise en charge du cancer du sein au Togo… Lecture !

Le mois d’octobre est dédié à la lutte contre le cancer du sein au Togo et dans le monde;  pourquoi la dénomination  » octobre rose »?

 

 Stéphan Awity : Permettez-moi de  remercier  toute l’équipe de Focus infos pour la qualité de vos informations et d’avoir accepté de débattre de cette question aussi sensible qui touche la femme dans son intimité. Le cancer du sein est une maladie très personnelle parce qu’étant lié à la féminité.  Pour comprendre la  dénomination  « Octobre Rose »  nous devons remonter un peu plus dans l’histoire pour dire que tout a commencé aux Etats Unis où une multinationale pharmaceutique  du nom d’AstraZeneca  fabriquant des produits anti cancer comme Novaldex  crée le mois de la sensibilisation au cancer du sein en 1985. Depuis le début, cet évènement a eu pour but de promouvoir les mammographies en tant que moyen le plus efficace de lutter contre le cancer du sein. Mais le mois d’octobre est devenu mois international du cancer du sein en 1992 grâce à  Evelyne Lauder de la Société Estée Lauder avec la manifestation dénommée « le cancer parlons-en » qui crée et  lance la toute première campagne internationale du fameux « pink ribbon » (ruban rose) outil de sensibilisation à la lutte contre le cancer du sein par le dépistage, le traitement, l’accompagnement et la recherche.  Le mois d’Octobre devient « Octobre Rose » en France 1994 grâce à la mobilisation de plus en plus d’associations, d’entreprises, de médias y compris le milieu médical.

 

Quelles sont les activités prévues pendant cette période au Togo?

 

Les activités ont commencé depuis le 28 septembre passé par une messe à l’aumônerie des hôpitaux en faveur de toutes les personnes victimes du cancer pour implorer l’aide du  Tout Puissant face à ce fléau dévastateur. Ensuite les émissions radios télévisées seront diffusées  sur les différentes chaines y compris la presse écrite et en ligne.  Elles se sont poursuivies par le lancement officiel, le 08 octobre passé, de la  6ème édition d’Octobre rose Togo et de la campagne de dépistage du cancer du sein à tarif réduit avec les cliniques partenaires: clinique Autel d’Elie, clinique Alpia, clinique de l’Aéroport, Polyclinelle Wossinou et Gbogbo, le Centre Hospitalier Préfectoral (CHP) d’Aného.  Actuellement, nous sommes dans les démarches pour y associer d’autres structures possédant le mammographe ou l’échographie mammaire. Nous sommes prêts  à faire déplacer  un mammographe  jusqu’à  Cinkassé   pour faire bénéficier ce dépistage aux populations les plus reculées de notre pays si le centre dispose d’un appareil d’échographie. Le 18 octobre prochain nous allons célébrer avec les femmes survivantes du cancer une rencontre conviviale dans le cadre des cinq ans du groupe de parole et dans le cadre de la Journée Internationale des soins palliatifs célébrée tous les deuxième samedi du mois d’octobre. Nous avons prévu faire une visite au Centre Hospitalier Universitaire où nous avons déjà fait les démarches pour témoigner notre solidarité aux femmes souffrantes du cancer avec distribution de kits. La dernière activité  qui va terminer l’Octobre Rose Togo est prévue pour le jeudi 30 octobre prochain et concerne la grande marche de soutien aux personnes victimes du cancer.  Nous allons lancer un cri de cœur à l’endroit de notre gouvernement pour soutenir les personnes victimes du cancer.

 

Longtemps considéré comme une maladie des femmes, le cancer du sein n’épargne pourtant pas les hommes.  Quels sont les signes de cette maladie chez l’homme et chez la femme?

 

Le cancer du sein demeure une maladie liée à la femme mais néanmoins 1%  des hommes aussi s’expose à ce cancer compte tenu de leur morphologie c’est-à-dire que les hommes ayant une poitrine dont les seins tombent comme ceux des femmes peuvent aussi développer la maladie. Nous recevons des cas de ces hommes ayant des anomalies au niveau du sein et ce n’est pas une question de honte. Il vaut mieux en parler pour ne pas être victime plus tard de ce drame.

Les signes d’alerte sont les mêmes  aussi bien chez les femmes que les hommes. Il faut que les femmes connaissent leurs seins au bout du doigt, de manières à ce que toute modification de leur forme ou de leur texture puisse attirer leur attention à savoir : sensation de boule ou d’un épaississement du sein ; sensation  de boule à l’aisselle ou au cou; rétraction localisée de la peau ou du mamelon comme une peau d’orange ; inflammation persistante et douloureuse de la peau ; écoulement du mamelon (liquide non blanchâtre) ; Eczéma, rougeur ou autre anomalie du mamelon ;  tout changement visible ou palpable à l’aisselle ou au sein. Tous ces signes peuvent être décelés par la femme elle-même si elle pratique ce que nous appelons auto-examen des seins (AES)

 

Les étapes de la maladie ou les étapes du traitement ou les moyens de dépister cette maladie ?

 

Pour  les étapes de la maladie,  il y a tout d’abord la constatation dans le  sein, ensuite les cellules cancéreuses du sein vont se disséminer vers d’autres organes alors on parlera de « métastase » et dans ce cas le traitement devient plus compliqué et ce sont les soins palliatifs qui restent le dernier recours pour accompagner la malade.  Pour le traitement,  il en existe quatre: la chirurgie, la chimiothérapie, l’hormonothérapie et la radiothérapie. L’auto-examen mensuel des seins(AES). Des études ont montré que les femmes qui pratiquent l’auto-examen des seins découvrent des cancers plus petits et moins avancés que celles qui ne le pratiquent pas.

 

Quels sont les différents types de cancer du sein et quels comportements y prédisposent?

 

Il en existe plusieurs :  le cancer du sein non infiltrant  qui  peut  être  aussi un carcinome canalaire in situ (CCIS), le plus courant,  ou  un carcinome lobulaire in situ (CLIS) ; le cancer du sein infiltrant ou le carcinome canalaire infiltrant(CCI) ;  le cancer du sein inflammatoire (CSI), un  type rare de cancer du sein infiltrant compte pour environ un à trois pour cent de tous les cancers du sein. Il y a aussi la maladie de paget du mamelon, un autre type de cancer du sein moins curant ; elle ne représente que moins de  5%  de tous les cancers du sein.

 

Etat de lieu de la lutte contre le cancer du sein au Togo!

 

Le cancer prend des proportions très inquiétantes au Togo surtout  le cancer du sein qui touche presque chaque ménage, c’est alarmant.  Le Togo ne dispose pas encore d’un registre du cancer, ce qui met en doute toute réalité du nombre croissant du cancer en général et du cancer du sein en particulier.  Néanmoins, selon le Globocan 2008, le cancer du sein toucherait 663 femmes togolaises avec 381 décès pour la même période donc pour l’année 2008.  Les cinq précédentes campagnes de dépistage que nous avons réalisées à Lomé (2009, 2010, 2011,2012 et 2013) nous ont permis de trouver des taux avoisinants 5%.  Selon les statistiques issues du registre hospitalier en matière de cancer au Togo, le cancer du sein occupe un taux de  27,1% (Politique et plan stratégique intégré de lutte contre les maladies non transmissibles 2012- 2015).

 

Comment se font le dépistage et la prise en charge du cancer du sein?

 

La campagne de dépistage comporte plusieurs actions : une consultation rapide par un médecin  puis la mammographie.  S’il y a une anomalie dans la mammographie, la patiente doit passer faire l’échographie mammaire

Dans l’un ou l’autre cas  le  patient doit revoir le médecin pour dernier conseil et pour être rassuré.  La fiche du guide d’information « cancer du sein »doit être retiré et le ruban rose qu’on noue à chaque patiente.

La prise en charge est pluridisciplinaire.  Il y a la prise en charge pour l’annonce de la maladie qui doit être fait par un psychologue ,  le traitement médical que nous avons énuméré très haut mais aussi le suivi par d’autres spécialistes entre autres le nutritionniste.  La  prise en charge médicale demeure la grande préoccupation pour tous les acteurs et nous avons depuis deux ans  fait  des projets pour le parrainage des femmes nécessiteuses chez qui  aurait trouvé un nodule et qui doivent suivre le traitement.  Nous lançons un appel de détresse  à l’endroit de toutes les institutions et aux gens de bonne volonté pour venir en aide à ces femmes au moment opportun.  En attendant une solution durable à ce problème, nous essayons de faire des plaidoyers dans les familles victimes de cette maladie pour la mobilisation des ressources afin de prendre en charge la malade. Néanmoins nous aidons les malades avec d’autres produits que nous recevons en dons divers et c’est aussi des produits qui coûtent extrêmement chers.

 

Quelques conseils pratiques  à l’endroit de la population!

Le cancer n’arrive pas qu’aux autres,  tout le monde peut en souffrir.  Il existe des facteurs de risque de cancer du sein sur lesquels  aucune personne n’a le contrôle à savoir les antécédents familiaux ou les antécédents de reproduction. Néanmoins on  peut réduire les risques en modifiant son style de vie. Entre autres en favorisant une alimentation riche en fruits et légumes,  en perdant  le poids que vous avez en trop donc combattre l’obésité,  en faisant des activités physiques (au moins 30mn de marche par jour), en  limitant votre consommation d’alcool, en allaitant votre enfant au moins une période de 6 mois et cessant de fumer. Toutes ces mesures peuvent retarder le cancer mais ne peuvent pas pour autant prévenir  la maladie.  C’est pour cela que nous conseillons aux femmes dont l’âge avoisine 40 ans ou celles qui ont des antécédents familiaux ou des anomalies à se faire dépister un peu plus tôt.

Source: Focus Infos

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