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‘’On a vu se dessiner à Lomé comme dans les régions une plateforme d’innovation ’’, Claude Grunitzky, Président du comité d’organisation du Forum des Jeunes Entrepreneurs du Togo.

Placé sous l’égide du ministère du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes, et du ministère des Postes et de l’Economie numérique, le Forum des jeunes entrepreneurs du Togo vise à fournir aux jeunes entrepreneurs togolais les connaissances théoriques et pratiques nécessaires à la création d’entreprises. L’initiative encourage les jeunes qui veulent prendre le risque d’entreprendre, et récompense les projets les plus prometteurs.
La première édition s’est tenue à Lomé en octobre 2013, et la seconde, organisée du 06 au 14 décembre 2014, s’est déployée dans quatre régions du pays.
M. Claude Grunitzky, promoteur de l’évènement, nous fait le bilan. Nommé en Juillet 2009 le Français le plus influent aux Etats-Unis par le magazine France-Amérique, ce jeune entrepreneur d’origine togolaise, nous parle également de son parcours. Lisez plutôt.

Pourquoi un Forum des Jeunes Entrepreneurs au Togo ?
Nous avons voulu créer un Forum qui réponde aux besoins économiques du pays tel qu’il est en train de se développer. En créant un modèle particulier au Togo, dans un contexte de croissance économique qui doit bénéficier aussi aux jeunes vivant sur toute l’étendue du pays, en milieu rural comme en milieu urbain, notre parti-pris était de cibler 3000 jeunes entrepreneurs en commençant par quelques centaines de candidats.
Sur les 400 candidats déclarés en 2014, notre jury en a présélectionné une cinquantaine dans quatre domaines d’activités : l’artisanat avec un Forum qui s’est tenu à Dapaong, le commerce avec le Forum de Kara, l’agriculture avec le Forum d’Atakpamé, et les nouvelles technologies avec le Forum de Lomé. Dans ce sens, et pour identifier un maximum de bons candidats, nous avons crée en amont le site web www.entreprendre.tg optimisé pour mobiles et tablettes où ont été présentées les équipes existantes, leurs projets, leurs idées et leurs besoins actuels. Nous cherchions à favoriser l’échange d’idées et la formation d’équipes soudées. Les 12 finalistes qui sont montés sur scène en 2014 étaient vraiment la fine fleur, puisque nous avons passé beaucoup de temps, à sillonner le pays du nord au sud, sur l’essaimage systématique des meilleures idées et des meilleurs projets.

 

Pensez-vous qu’un tel Forum a réellement du sens ? Certains peuvent estimer que c’est un rendez-vous pour se rassembler, discuter et finalement rien ne change !
Je trouve que le Forum des Jeunes Entrepreneurs est en train de réussir son pari, qui est celui qui consiste à promouvoir une nouvelle forme d’entrepreneuriat au Togo, puisqu’on arrive à sensibiliser nos jeunes par des conférences et d’ateliers participatifs. Qu’ils soient étudiants, fonctionnaires d’État ou employés dans le privé, nous les invitons à assister aux présentations des entrepreneurs finalistes et nous les encourageons à poser des questions.

Vous êtes promoteur de ce Forum. Quel en est l’intérêt selon vous ?
Toute initiative qui peut aider nos jeunes Togolais à avoir confiance en eux et se lancer dans les affaires dans les meilleures conditions tout en étant conscient des risques, m’intéresse au plus haut point. C’est ma contribution au développement du pays. Ainsi, lors du Forum, nous accordons autant d’importance aux questions des jeunes qu’aux interventions des chefs d’entreprise établis, ou encore qu’à celles des investisseurs, banquiers, politiques, journalistes, universitaires, étudiants, cadres, innovateurs et autres experts et représentants de la société civile togolaise. L’idée est que les participants y trouvent, pendant la durée du Forum ainsi qu’au travers des dialogues sur le site web www.entreprendre.tg, un espace d’expression et d’échange leur permettant de décrire les avancées de leurs projets et de trouver de nouveaux partenaires ainsi que des pistes de financements.
L’édition 2014 vous a permis de faire une tournée à l’intérieur du pays. Qu’avez-vous retenu ?
Notre ambition, en créant ce Forum, et en l’élargissant en 2014 sur une suggestion du Chef de l’État, à toutes les régions de notre pays, était d’imaginer de nouvelles solutions, toujours adaptées aux réalités de notre pays, qui permettront bientôt l’émergence d’un nouvel écosystème constitué de jeunes entrepreneurs et de jeunes entreprises créatrices d’emplois dans un Togo dynamique et entrepreneurial. En allant à la rencontre des jeunes entrepreneurs dans toutes les contrées du Togo, mon collaborateur Jean-Marie Attila et moi avons constaté que certains des meilleurs talents du pays étaient dans les zones reculées. Il suffit d’aller sur le terrain pour dénicher ces talents. Et lorsque nous avons organisé les Forums thématiques dans les régions, nombreux sont les participants qui sont venus me voir pendant les pauses pour me remercier d’avoir pensé à eux et m’expliquer qu’ils se sentaient souvent délaissés.

Quel bilan dressez-vous des deux éditions ?
En 2013, les participants étaient timides et certains dans la salle n’osaient pas demander le micro pour exprimer leur avis et participer au débat. Lors de l’édition de 2014 en revanche, nombreux sont nos jeunes qui ont posé des questions pertinentes et apporté des critiques constructives tout au long du Forum, que ce soit en plénière, dans la grande salle, ou dans les ateliers en petit comité. À mon avis, l’élan vient du fait que la participation est gratuite, sur simple inscription, et qu’on croise dans une même salle des tranches de vie et des parcours divers.

Citez-nous au moins trois projets de start-up qui vous ont marqué et dites-nous pourquoi ?
Même si la première édition, en octobre 2013 à Lomé, était un ballon d’essai réussi, avec de très bonnes idées et de jeunes talents comme Sam Kodo (et son projet Lifebook) et Afate Gnikou (avec son projet d’imprimante 3D) qui se sont révélés au Togo avant d’être repérés à l’international, j’ai trouvé l’édition 2014 particulièrement intéressante, avec des projets comme la Cafétéria Africaine et celui autour de l’huile de neem, puisqu’on y a vu se dessiner à Lomé comme dans les régions une plateforme d’innovation qui donne d’ores et déjà la parole aux Jeunes Togolais qui sont en train d’inventer un Togo moderne, loin de certains clichés qui sont parfois véhiculés sur notre pays.

Vous suscitez de la curiosité. Vous êtes souvent cité comme un modèle d’entrepreneur. Votre parcours, pourrions-nous en parler ?
Ma maman est née à Aného et mon papa à Atakpamé, mais je suis un enfant de Lomé, du quartier de SOTED, qui avait une passion pour le hip hop et rêvait d’être journaliste et entrepreneur. Je le suis devenu, grâce aux magazines qui m’ont mis le pied à l’étrier : Actuel à Paris et Dazed & Confused à Londres. Mon parcours a été entre Paris, Londres et New York, mais je n’ai jamais oublié que je suis né à Lomé. Étant donné que je savais que je n’allais jamais renier mes racines africaines, j’ai profité de mon identité cosmopolite pour forger le concept du « transculturalisme » autour des cultures urbaines émergentes. C’est la nécessité de faire entendre ces nouvelles tendances urbaines qui a suscité en moi cette série d’initiatives, jusqu’à la création de Trace Magazine à Londres en novembre 1996, puis à New York en juin 1998. Ensuite, le 27 avril 2003, nous avons lancé Trace TV.

En lançant l’initiative de Trace TV, qu’est-ce qui vous a fait penser que vous pourriez la réussir ?
Je vivais à New York, et avec le nouveau millénaire, est arrivé le basculement numérique. Bref la communication de masse a commencé à changer, mais en avril 2003 il restait encore une grande place pour la télévision et les médias dits traditionnels. Mes deux associés et moi voulions lancer un grand et influent média qui était, d’un coup, totalement en ligne avec la révolution hip hop qui s’exprimait dans d’autres musiques et cultures urbaines. En éditant Trace Magazine depuis 1996, j’avais passé huit ans, avant que Trace TV ne commence à être diffusé sur l’antenne, à comprendre les comportements et besoins des jeunes qui s’exprimaient à travers ces nouvelles cultures urbaines. Avec les informations que je trouvais sur Internet, j’avais compris aussi qu’il y avait beaucoup de revendications sociétales et que notre public, s’il devenait large, serait de moins en moins passif face aux programmes que nous diffusions. La réussite n’était qu’une conséquence, qu’une récompense, vu nos ambitions. Et tout le travail que cette aventure a nécessité.

Vous avez trois nationalités, Sentez-vous finalement plus Togolais ou plus français ou américain ?
Je suis né Togolais, je serai toujours Togolais. Mes racines sont au Togo. J’aime le Togo. Mais ça ne veut pas dire que je n’aime pas la France ou les Etats-Unis.

Quelles perspectives pour le Forum des Jeunes Entrepreneurs ?
Nous souhaitons élargir encore aux autres villes du Togo mais aussi confronter la réalité de l’entrepreneuriat au Togo, aux expériences des entrepreneurs venus d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, du Sénégal au Nigéria en passant par le Ghana et le Burkina Faso. Puisque nous avions imaginé le Forum comme une occasion pour les participants d’échanger avec les candidats et entrepreneurs sélectionnés, nous souhaitons qu’un maximum de jeunes puisse présenter leur projet et leurs besoins en dehors des sessions du concours. En outre, dès lors que tout jeune qui s’inscrit sur le site www.entreprendre.tg peut assister gratuitement aux ateliers et débats, soit à l’intégralité du Forum, nous encourageons la participation de tous les jeunes qui aspirent créer leur entreprise.

Avez-vous d’autres projets pour le Togo ?
J’ai beaucoup de projets pour le Togo. Le pays est en train de se développer, et il y a mille et une entreprises à créer. Pour le reste, il faut des idées, de l’ambition… et y mettre beaucoup de travail.

 

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