Le port de masque FFP2 reconnu et recommandé par les organismes sanitaires internationaux, est l’une des mesures barrières au corona virus. La forte demande de ce produit, au cœur de la lutte contre la pandémie, a fait flamber les prix ces derniers temps. A longueur de journée, pharmacies et autres officines sont bondées de monde en quête du précieux sésame. Face à cette situation, les populations, notamment en milieu rural agricole, se rabattent sur les masques artisanaux en tissu qui ont fait leur apparition sur le marché.
Tissu pagne, popeline, cuir synthétique… tels sont les matériels utilisés pour la confection de ces masques artisanaux. A 100 FCFA l’unité, ces masques qui coutent largement moins que ceux importés, s’arrachent comme de petits pains. Cette tendance est plus observée en milieu rural agricole où seulement près d’une personne sur dix, portant un masque, opte pour le FFP2 importé.
Le phénomène était visible au marché de Togoville (environ 40 km à l’Est de Lomé), qui s’anime tous les mercredis. L’accès étant conditionné par les autorités municipales au port de masque, tous les commerçants ou presque portaient un masque en tissu.
Les raisons de cette situation sont évidemment économiques.
En milieu rural, peu de personnes peuvent s’offrir des masques importés dont les prix ont presque triplé avec la crise du corona virus. Sans compter qu’ils sont à usage unique, et donc nécessitent d’être régulièrement changés.
« Mes revenus ne me permettent pas d’acheter un masque qui couterait par exemple 300F. Je viens au marché une fois par semaine et le peu que je gagne suffit à peine pour moi et mes enfants », explique une vendeuse de crevettes au marché de Togoville. « Nos bourses peuvent supporter le coût d’un masque vendu à 100F. Au-delà de cette somme, il nous aurait été difficile puisque nous devons payer aussi le ticket d’accès au marché », renchérit sa camarade assise derrière un étal de légumes.
Vendus à tous les coins de rue, les masques artisanaux sont faciles à trouver. Pour le FFP2, il faut se rendre en pharmacie et prier le bon Dieu de ne pas tomber sur une pénurie.
« A Togoville, nous n’avons pas de pharmacie. Il faut se rendre à Vogan à 12 km. Nous n’avons pas d’autres choix que d’utiliser les masques artisanaux », estime un habitant.
Visiblement, pour les populations en milieu rural, les masques artisanaux apparaissent comme une alternative au FFP2. Mais fabriqués sans aucune norme, sont-ils pour autant efficaces contre le corona virus qui continue sa propagation ?
Selon les informations recueillies sur le numéro 111, les masques en tissu sont bel et bien efficaces. Leur port cependant obéit à certaines précautions notamment, bien laver le masque une fois qu’on l’a acheté, se laver les mains avant la mise, laver régulièrement le masque avec du savon et de l’eau de javel. En plus, il est conseillé d’en avoir plusieurs, dans la mesure du possible, pour les alterner selon les besoins.
Sur la question, les réponses d’un autre spécialiste paraissent plus nuancées. « Il y a deux réponses : oui et non », soutient-il. « Non d’abord, s’ils sont faits par du matériel de mauvaise qualité car des masques maison ou artisanaux ont très souvent des mailles trop grandes. Et avec la force de projection (toux, éternuements…) les virus présents dans les gouttelettes de salive peuvent traverser. Oui, les masques maison ou artisanaux peuvent être utilisés s’ils sont fabriqués par du tissu de qualité étanche. Pour preuve, les gens en produisent à la maison en Europe et ailleurs », souligne-t-il. Et d’ajouter : « Dans tous les cas, vaut mieux les masques artisanaux que rien, tout en respectant la distance d’au moins un mètre, ce qui atténue forcément la force de projection des gouttelettes ».
Tout bien considéré, il demeure vrai que les masques artisanaux ont une certaine efficacité contre le corona virus à condition d’être utilisés avec soin et précaution. En milieu rural agricole, ils sont adoptés par les populations qui ne se posent pas trop de question.
(Photo : revendeuse de crevettes au marché de Togoville)